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Le COLISEE Roubaix

Patrimoine incontournable des arts à Roubaix


20 mai 1926 / La Génèse


Nous sommes vers la fin des années 1920 Jean DECONINCK au départ ébéniste et entrepreneur est propriétaire du complexe Le Fresnoy qu’il a construit à Tourcoing sur plus de 10 millimètres carrés des terrains du château qu'il a racheté à la famille DECAS.

Il y a posé ces machines à bois, fer et béton afin d'y construire un lieu de distraction où se côtoie un cinéma, un dancing et une piste de patins à roulettes. Face au succès de ce complexe et de l'engouement de la population pour le cinéma il souhaite doubler la mise en créant un temple du 7e art et de la danse dans le quartier fourmillant de l’Epeule à Roubaix.

Il se rapproche de nouveau de la famille Decas et leur rachète cette fois un hôtel particulier situé au 41 rue de l’Epeule. Il confie son projet aux architectes roubaisiens BARBOTIN père et fils déjà artisan de l'hospice Barbieux.

Dans un premier temps c'est un projet de transformation de l'hôtel qui est avancé mais il ne sera pas retenu./ Il décide alors de tout raser et sur cet emplacement commence à monter l'ossature du futur lieu de divertissement roubaisien. Nous sommes en pleine époque de la révolution industrielle. La tour Eiffel a été construite il y a 40 ans et comme elle, la structure du Colisée sera réalisée en charpente métallique.

Sur cette photo où sont imposés son nom et l'année 1924, on voit Jean DECONINCK à droite perché sur cette structure en construction, symbolisant sa volonté de suivre au plus près l'avancement des travaux de cette époque.

Jusqu'à nos jours encore et malgré les transformations de 1951 comme celles des années 80 on devine et on retrouve dans la majeure partie du Colisée, cachée sous les colonnes des poteaux du hall ou sous ceux de la salle de spectacle, cette même ossature métallique toujours existante. La salle de cinéma, pièce maîtresse de ce complexe sera située en retrait de la rue de l’Epeule mais elle se doit de posséder son entrée principale sur cette rue très fréquentée et animée de Roubaix. En date du 20 mai 1926 Jean deconinck adresse un courrier au maire de Roubaix…

Monsieur le maire je souligné Jean DECONINCK, demeurant à Tourcoing rue Claude Bernard, propriétaire d'un immeuble sis à Roubaix rue de l’Epeule, ait l’honneur de vous prier de bien vouloir me délivrer l'autorisation nécessaire pour la transformation du dit immeuble et de bien vouloir m'indiquer l'alignement et la nivelle auquel je dois me soumettre. Je vous prie d'agréer Monsieur le maire mes remerciements. Roubaix le 20 mai 1926 Jean DECONINCK

A son inauguration le 21 mai 1927 on entre donc dans ce lieu par la rue de l’Epeule. Sur cette photo d'époque on devine, digne du temple du cinéma que deviendra le Colisée, une grande entrée ouverte sur la rue, surplombée d'un fronton assez haut sur lequel sont placés en surépaisseur les lettres formant son nom COLISEE.

Cette illustration de la salle de spectacle extraite de l'article du Journal du jeudi 19 mai 1927 annonçant l'inauguration du Colisée, montre le travail tout en verticalité des architectes BARBOTIN père et fils. Le plafond de la salle, comme celui du hall du Colisée, sont très haut et très décorés. Dans le hall à mi-hauteur une mezzanine en couronne ceinture ce hall au niveau du premier étage. Au premier étage un dancing a été réalisé et les plans d'époque montrent l'emplacement d'une scène dédiée à l'orchestre qui animera les après-midi ou soirées dansantes. Le style art-déco de l'ensemble impressionne par son chic. Ce premier plafond est d'ailleurs toujours existant au-dessus de l'actuel. Je l’ai retrouvé à l'occasion de travaux dans le grand studio du ballet du Nord situé au premier étage. Il a été en partie transpercé


 afin d'aller chercher la charpente en bois comme le montre celui réalisé à l'occasion des travaux de 1900 et celui d'origine que l'on voit charpente en bois ressemble à une coque de bateau qui aurait été retourné.

Ce plan du rez-de-chaussée datant de janvier 1944 nous indique l'emplacement d'une petite pièce d'eau au milieu de l'actuel hall d'entrée. Les souvenirs des plus anciens relatent qu'un jet d'eau en jaillissait, traversant l'étage pour monter jusqu'au plafond de la mezzanine.

Dans la salle de spectacle, les murs d'enceinte sont à cette époque alignés avec les poteaux de la structure. Un espace est laissé entre la fin des rangées de sièges et ses murs pour permettre la circulation du public. A cette époque avant le grand film tout d'abord muet en 1927 puis devenu parlant en 1930, on pouvait aussi découvrir de jeunes artistes tels que Fernandel, Tino ROSSI, Maurice CHEVALIER, Mistinguett ou Joséphine BAKER. En 1943 suite au décès de Jean DECONINCK pendant la guerre la fille et le fils de Jean héritent du Colisée en indivision. Dans les faits ceux sont Henri DECONINCK fils de Jean et Pierre DESROUSSEAUX gendre de Jean, qui seront chargés de s'occuper de la gestion du fonctionnement du Colisée. Les deux beaux-frères ne s'entendent guère mais assument la difficile mission de maintenir la continuité de l'entreprise tout en tenant compte des évolutions technologiques comme des goûts du public.

En 1944, un projet de transformation de la salle est dessiné mais il ne verra pas le jour. De la mésentente des beaux-frères Pierre DESROUSSEAUX finira par quitter l'entreprise familiale et même sa famille et c'est Hubert DESROUSSEAUX fils de Pierre et de la fille de Jean DECONINCK qui reprend le flambeau et engage différentes études de projets avec son oncle et parrain Henri DECONINCK. Ces derniers décident finalement de lancer de grands travaux de rénovation en confiant cette fois la maîtrise d'œuvre à Édouard LARDILLIER véritable architecte de salle de cinéma. Il a notamment écrit dans la revue la technique cinématographique un article intitulé pour transformer ou construire une salle de cinéma. Il a signé de nombreuses salles en France sur Poitiers, Créteil et Paris, dont le Studio Parnasse, le Studio Bertrand, le cinéma de l’Hôtel de ville et le Berlitz dont on reconnaît facilement le style. Plus proche de nous, il a signé le Rex de Dunkerque le Colisée de Bruay-la-Buissière l'Alhambra de Calais mais son œuvre la plus célèbre reste le Colisée de Roubaix.

Nous sommes alors en 1952. L'étage et le réaménagement doivent suivre ses évolutions. Le nouveau Colisée devra notamment permettre de présenter des variétés. Henri DECONINCK, ami Bruno COCATRIX originaire de Ronchin met alors en place les avant-premières de l'Olympia dont ce dernier est le fondateur. Ce projet conférera dès lors aux Colisée le nom d’Olympia du Nord mais Henri DECONINCK reste intraitable au sujet de son établissement « C’est le Colisée de Roubaix et pas l'Olympia du Nord… »

En 1951 l'entrée du public dans le Colisée se fait toujours par la rue de l’Epeule, des néons ornent sa façade et annoncent les spectacles où films à l'affiche. Les travaux de rénovation ont conservé la grande ouverture sur la rue mais ont permis de créer en partie gauche la billetterie du dancing au rez-de-chaussée et plus loin celle de la salle de cinéma et de spectacle. Des bureaux dont les fenêtres rondes donnent sur le hall sont construits au premier étage. Le fronton a été considérablement réduit en hauteur et les lettres COLISEE coiffent désormais celui-ci. En lieu et place du restaurant qui occupe la façade de la rue de l’Epeule depuis 1980, il faut emprunter un escalier en 2 volets accroché au mur de gauche et du fond afin de se rendre au nouveau dancing qui vient d'être créé à l'étage de l'actuel hall.

Plus loin l'ancien dancing du premier a été démoli pour céder sa place à une percée qui permet de poser les 2 escaliers qui desservent désormais le balcon. L’entrée ouverte sur la rue est magistrale on y aperçoit côté droit un 2e escalier symétrique au premier ainsi qu'un grand lustre au beau milieu de ce hall ouvert sur la rue. La réalité est en fait tout autre puisqu'un miroir gigantesque recouvre l'ensemble de la surface du mur droit, créant ainsi un autre trompe-l'œil géant. Le grand lustre n'est en fait qu'un demi lustre accroché à ce mur en miroir et l'escalier de droite n'est autre que le reflet de celui de gauche dans ce miroir.

Au soir du 26 novembre 1951 Robert BURON alors ministre de l'information fait l'honneur de sa présence aux côtés du préfet du Nord et du maire de Roubaix à l'occasion de la 2e inauguration du Colisée. De nombreuses personnalités locales sont présentes mais aussi des artistes du cinéma ou de l'humour. Dans la séquence filmée dans le hall (voir pj) on peut y voir Charles VERSTRAETE, tromboniste musicien de l'orchestre dirigé par Victor COSSU qui anime le dancing du premier étage. Cet orchestre de musiciens attitré au Colisée formera par la suite un ensemble du nom de Korrigans qui se produira également pour d'autres événements. On y reconnaît également la présence de Pierre DAC qui foulera la scène du Colisée ce soir-là. Le film projeté à l'occasion de cette 2e inauguration sera « Paris chante toujours » où se mêlent à l'affiche des noms comme Édith Piaf, Line Renaud, Tino Rossi, Yves Montand, les compagnons de la chanson et bien d'autres…

Le public découvre alors une toute nouvelle salle méconnaissable. La cage de scène a été modifiée de façon à pouvoir s'adapter au nouveau format du cinéma et s'ouvrir aux variétés. Les sièges aussi ont été totalement remplacés et dit-on inspirés de ceux de la Jaguar d'Henri DECONINCK qui faisait l'analogie entre le spectateur qui regarde défiler la vie et le conducteur qui regarde défiler la route. Dans la salle, de la verticalité des BARBOTIN père et fils Édouard LARDILLIER fait place à l'horizontalité que l'on peut encore voir aujourd'hui sur les lignes des corniches de la salle et du balcon. Le balcon est agrandi, il avance en salle pour doter le Colisée d'un plus grand nombre de sièges. Il prend cette fois une forme arrondie dans sa partie avant. Dans les entrailles du balcon il est toujours possible de distinguer l'ossature initiale de celle de 1951. En effet, la première charpente métallique a été assemblée par rivetage comme celle de la tour Eiffel alors que la partie ajoutée pour agrandir le balcon par l'avant a été assemblé par des boulons.

Afin de ne pas trop réduire la clairance de la scène pour le public placé au fond du sous balcon, un ingénieux système de longeron et de tyran a d'ailleurs été installé dans les entrailles même de la charpente métallique d'origine. C’est une prouesse technique de l’époque puisque les 3 premiers mètres du balcon sont dorénavant en porte-à-faux. Parmi les salles de spectacles de la métropole pourvue d'un grand balcon, ce système confère encore de nos jours au Colisée l'avantage d'être l'une des seules dépourvues de poteaux de soutènement du balcon qui engendre une gêne visuelle pour les spectateurs placés en dessous.

Pour créer la piste du nouveau dancing au-dessus du hall il a fallu combler le vide au cœur de l'ancienne mezzanine en couronne, également sans y ajouter un seul poteau. Désormais dépourvu de la hauteur nécessaire à son déploiement le jet d'eau et la petite pièce d'eau du rez-de-chaussée ont disparu. Un orchestre anime ce nouveau dancing.

La scène où il se produit a été déplacé et tourné d'un quart de tour pour se retrouver juste devant la piste. La corniche de cette scène existe toujours de nos jours. Un espace a été créé afin que le public puisse s'installer pour se désaltérer et se reposer entre 2 danses. Autour de tables disposées en palier c'est encore une idée de génie d’Edouard LARDILLIER. En effet, cet espace de repos se situe juste au-dessus de l'entresol du hall avec ses 2 escaliers d'accès au balcon.

En partie inférieure, au rez-de-chaussée, le plafond de cette partie épouse le profil de l'emmarchement des 2 escaliers. Il est décoré d'un trompe-l'œil en forme de drapé, soutenu par des cordages sur toute la largeur du hall. Cette fausse passementerie était à l'époque décorée à la feuille d'or.

Au premier étage la contrainte du plafond de biais du rez-de-chaussée permet d'exploiter ce profil pour y créer un gradinage en palier où sont disposés tables et chaises permettant aux danseurs de se poser pour se désaltérer et discuter tout en profitant d'une vue surplombante.

La tenue vestimentaire comme l'attitude générale des habitués est résolument stricte. La cravate est de rigueur et le vestiaire du dancing également construit lors de cette rénovation en dispose d'ailleurs d'un certain nombre pour permettre aux étourdis de s'en parer avant de pouvoir pénétrer dans le dancing. Henri DECONINCK veille au grain et n'hésite pas à interpeller pour corriger les couples qui dansent un peu trop près l'un de l'autre à son goût ou tenté de s'embrasser de manière inconvenante en ce lieu.

En 1953 la Fox société de production cinématographique propose au casino de Roubaix de la place de la liberté, salle concurrente du Colisée, son projet de projection en cinémascope qui décline cette proposition. La Fox se tourne alors vers Henri DECONINCK qui malgré la très récente rénovation du Colisée accepte la proposition et engage de nouveaux travaux entraînants après sa rénovation pour accueillir un écran de 17 m de large sur 7 m de haut.

La cabine de projection initialement située au-dessus et à mi profondeur du balcon est déplaçée tout en haut et derrière celui-ci. En 1951 Le Colisée reçoit un tout nouvel équipement très puissant capable de projeter sa lumière sur l'écran plastique à plus de 40 M. La preuve remerciera le Colisée en diffusant en exclusivité et au nord de la France au soir du 16 décembre 1953 la projection du film la tunique, premier film en cinéma-scope. Le Colisée fera 78000 entrées en un mois mais devra interrompre sa diffusion pour laisser place à d'autres propositions. e passer et le Colisée fera une longue et brillante carrière de salle de cinéma et de spectacle. Certains se souviennent d'un spectacle créé à partir de jet d'eau piloté par un artiste jouant de l'orgue sur scène d'autres du film tremblement de terre une des premières productions surround pour lequel un ensemble de caissons graves ont été disposés en front de scène au fond de salle et au balcon afin que le public ressente au travers des fréquences très graves la sensation des vibrations d'un tremblement de terre. 

D’autres enfin se rappellent y avoir vu sur scène de jeunes artistes dont l'avenir semblait prometteur un certain Jean Philippe Smet sera vu au bar du dancing, attendant la fin du tour du chant de sa petite amie Sylvie.

la télé se répand dans les foyers et les cinémas ferment les uns après les autres. Les goûts et les grands cinémas font place aux multiplex mais Henri se refuse de démolir la salle dont il a hérité de son père.

La ville de Roubaix souhaite construire une salle de spectacle d'autant qu'avec les villes de Lille et Tourcoing elle crée un syndicat intercommunal dénommé « Opéra du Nord » 2e opéra régional créé en France, présidée par Mme Monique BOUCHER et dirigée par Elie DELFOSSE. Le syndicat répartit les disciplines entre les 3 villes ainsi Lille assurera principalement la programmation des opéras, Tourcoing celle de l'atelier lyrique et Roubaix se chargera de la danse. S’entame alors des négociations avec la famille DECONINCK.

En 1978 le Colisée cesse d'être un cinéma la ville de Roubaix le rachète afin de le transformer pour se doter d'un lieu de répétition et d'une salle de spectacle il devra être digne de recevoir la grande compagnie de ballet néoclassiques dirigé par Alfonso CATA, nommé directeur artistique et chorégraphe de ce tout nouveau ballet. Malgré les travaux de 1951 et 53 la scène et les différents espaces du Colisée ne sont pas adaptés à ce nouveau projet. Une réhabilitation complète de plus de 2 ans de travaux monumentaux est lancée sous la conduite de l'architecte Lévi. Le plateau sera totalement rasé et la salle littéralement coupée transversalement à l'aplomb des corniches latérales, ainsi dépourvu de ces premiers rangs de siège afin de pouvoir y créer à la place un espace scénique de plus grande profondeur. 

Cet agrandissement de la scène qualifie encore à ce jour le Colisée d'être l'un des plateaux les plus grands au nord de Paris tout comme l'un des plus grands théâtres de France en capacité d'accueil avec près de 1800 places dans sa version. En 1951 le matériel technique des spectacles de variétés était acheminé à la main depuis l’entrée de l'époque. En 1981 un quai de déchargement permettant l'accueil de semi-remorques jouxte désormais la scène afin de pouvoir accueillir plus facilement les nouvelles tournées plus gourmandes en moyen techniques.

Une douzaine de loges sont construites pour accueillir les grandes productions, un dessous de scène et une fosse d'orchestre permettant de recevoir quatre-vingts musiciens sont également créés. Dans la salle un gradin mobile est installé entre le 11e et le 22e rang du parterre afin de pouvoir moduler le profil ainsi que la jauge de la salle, passant d'une première version de 600 places en amphithéâtre par une 2ème de 1200 places en y ajoutant le balcon et jusqu'à une jauge de 1800 places gradin abaissé en position plate. 

Pour utiliser l'ensemble du parterre du sous balcon et du balcon permet d'adapter le confort visuel de la salle en fonction du type de spectacle programmé et du remplissage attendu. Le Colisée est encore pionnier dans ces années 80 puisque les salles polyvalentes modulables n'existent pas encore quand ce gradin est créé. Il est composé de 3 plateaux qui s'élèvent un par un grâce à un vérin semblable à ce que l'on voit sur les camions bennes. Une fois arrivé en position haute, un verrouillage mécanique est prévu pour éviter que la charge du public installée dans les sièges ne soit supportée par le vérin en cas de problème sur les circuits hydrauliques. L’ancienne façade de la rue de l’Epeule laisse la place à une cafétéria au rez-de-chaussée alors qu'un petit studio de danse dédié au Ballet du Nord prend place au premier. De 1951 au premier étage reste quant à lui dédié à la danse puisqu'il est transformé en grand studio pour le ballet du Nord dont les dimensions sont équivalentes à la partie visible du public de la nouvelle cache de scène. La ville de Roubaix a vu les choses en grand puisque le rachat du foncier voisin lui permet de construire des parkings sur la partie gauche ainsi qu'un grand parvis afin d'y créer l'entrée principale que nous connaissons encore aujourd’hui.



Le COLISEE Roubaix

Mon histoire…


A ma fille, qui trouvera peut-être ici explication et réponses à mes nombreuses absences, au temps que j’ai pu consacrer à la vie de ce lieu. 


Introduction:


Pourquoi appeler cet espace « Le COLISEE Roubaix - Mon histoire »


Je m’appelle Bernard VANALDERWELT, directeur technique dans le domaine du spectacle vivant.

Mon intérêt pour Le Colisée de Roubaix remonte à plus de quarante ans et son histoire m’a toujours passionné.

J’ai souvent cherché à rassembler des éléments de son passé, mais malheureusement sans trop de réussite.

Il semble qu’il y ait peu d’éléments à retrouver… Même aux archives de la ville de Roubaix, commune sur laquelle a été bâti ce lieu, je n’ai pu retrouver que peu d’éléments.


A l’approche de mon départ à la retraite d’ici deux ans, après y avoir servi durant plus de quarante ans, je me suis dit que peut-être, je pouvais combler ce vide en apportant ce que j’ai pu collecter, rassembler, et vécu au sein de ce temple du spectacle vivant.


Sans prétendre détenir l’exactitude sur l’ensemble de propos qui suivent, je pense que mon esprit logique conjugué au recoupement des informations que j’ai pu collecter doivent me permette de m’en rapprocher d’assez près.



Historique:


Un ciné-dancing dans le quartier de l’épeule

En 1927 Jean Deconinck, propriétaire du cinéma Le Fresnoy à Tourcoing, décide de créer le Colisée. Le succès du Fresnoy l’incite à proposer au fourmillant quartier de l’Epeule sa propre salle obscure. La conception du lieu est confiée aux Barbottin (père et fils), déjà artisans de l’Hospice de Barbieux (l’actuel Centre médical de Barbieux); le bâtiment « art déco »  d’origine est tout en verticales, et impressionne par son chic (au rez-de-chaussée, une fontaine envoie un jet d’eau vers le plafond, en traversant le premier étage !).
Rapidement, le Colisée devient un haut lieu de distraction de Roubaix et de la métropole…



Mes petites histoires au Colisée:


Jacques BREL:

Il est souvent associé que le dernier concert de Jacques BREL en France se soit produit au Colisée de Roubaix. Malheureusement non… Si en effet son dernier tour de chant, après celui de l’Olympia où on le voit revenir en peignoir devant une salle comble et debout pour l’applaudir, s’est bien déroulé à Roubaix le 16 mai 1967 , c’était dans une salle voisine, « Le Casino » autre grand cinéma de Roubaix qui accueillait également des tours de chant.

Le Casino ayant été rasé depuis x années, il est de coutume pour le personnel du Colisée de ne pas contredire les personnes qui avancent cette information  en leur répondant « oui, c’était bien à Roubaix… »

Fan depuis toujours de cet artiste, j’ai la chance d’avoir un enregistrement de ce dernier tour de chant à Roubaix. Un hommage à Jacques BREL a par ailleurs été rendu à Jacques BREL le xxx en la reprise intégrale de son dernier tour de chant repris par de nombreux artistes dont son neveu Bruno BREL.


Philippe CAUBERE:

J’avais eu l’occasion d’assister à deux épisodes de la série « Le roman d’un acteur » de Philippe CAUBERE à la « Métaphore », CDN de Lille alors sous la direction de Daniel Mesguiche. Quelle fut ma joie d’apprendre que le Colisée allait accueillir ce grand artiste pour l’épisode « xxx ». Philippe CAUBERE tournait avec son régisseur général qui, durant le spectacle, assurait la coordination du son, de la lumière et des effets depuis la régie en salle. Il fallait donc que quelqu’un donne le top départ à l’artiste. La performance d’acteur est tellement intense pour remplir l’espace par une seule personne qui joue tous les rôles avec pour seul environnement, une chaise, un manteau, un bonnet, une écharpe sur un plateau de 400m2 que la concentration doit être extrême et non perturbée, jusqu’à la dernière seconde. Nous avions du répéter jusqu’au top départ à transmettre à l’artiste. C’est là qu’à peine une demi seconde après avoir transmis le top à Philippe, qu’il stoppait immédiatement la répétition… « Stop, ça ne va pas, c’est pa somme ça qu’on donne le top… » Il voulait que sans parler, je lui donne sans hésitation une tape sur l’épaule, ce qui est pour lui le signal du début… »


Philippe CANDELORO:

Lorsque le plateau du Colisée se transforme en une nuit en patinoire de 14 mètres de large sur 10 de profondeur. 


Le CIRQUE PLUME:


FAUDEL:

Le dimanche xxx, Le Colisée accueillait FAUDEL dans le cadre d’un festival Roubaisien « Les Transculturelles », un peu précusseerur de ce qui allait devenir la CP (La Condition Publique), une des maisons folies créées dans le cadre de Lille 2004 Capitale Européenne de la culture. Le public attendu était composé de nombreux jeunes et au delà, de plus nombreuses jeunes filles fan de cet artiste. Dès les premières chansons du concert, tout le monde était debout et très vite le public s’est approché du bord de scène afin d’être au plus près de FAUDEL. Le public placé au balcon en a fait de même à l’étage, se rapprochant du bord du balcon. Au fur et à mesure du concert, les musiques entrainantes ont chauffé le public qui s’est mis à avoir des mouvements cadencés au parterre comme au balcon. Le problème est qu’à cette époque, la structure du balcon, construite à l’origine pour accueillir le public de cette salle de cinéma en 1927, balcon qui avait déjà été étendu lors des transformations de 1951, avait été construit selon les normes de l’époque pour un public assis. Rien ne présupposait qu’un jour on y programmerait des concert amenant le public à se lever et remuer au rythme de la musique, d’autant plus en quittant son siège pour se rapprocher de la scène. L’extension du balcon a été construite en 1951, en déport par l’avant de l’ancien et reposait donc en porte à faux de la structure principale, lui donnant une certaine flexibilité dont nous avions conscience. Par exemple, lors de projections à partir d’un appareil placé au centre et en bas du balcon, il fallait anticiper le réglage pour compenser la baisse de l’image, une fois le ballon chargé de son public… Ce jour là, les oscillations créées par le public appliquaient au balcon un mouvement d’une amplitude jamais atteinte.

A l’époque, un personnel de représentation des services de secours était constitué de sapeurs pompiers de la caserne de Roubaix. En faisant une ronde au sous-balcon, un équipier a constaté des fissures dans le staff du plafond. Nous avons rapidement pris la décision de mettre fin au spectacle et de faire évacuer la salle. Pour la petite histoire, sans victime, sans feu, sans écoulement, il est bien difficile de faire évacuer une salle. Il a fallu que nous appelions les pompiers en les rassurant qu’il n’y avait pas de problème mais que nous n’arrivions pas à faire sortir le public. En arrivant dans le quartier, il ont fait retentir leur sirènes et là, le public a commencé à évacuer… réclamant toutefois un remboursement car le spectacle n’était pas terminé. Après avoir été examiner la structure porteuse du balcon avec un contrôleur agréé, le rapport est tombé, pas de déformation permanente de la structure métallique qui accepte une relative souplesse, mais pas les plâtres… Ce point de sécurité à longuement contraint le Colisée dont j’étais directeur unique au regard de la commission de sécurité, jusqu’à ce que la structure change de statut juridique et que des travaux soient entrepris pour renforcer la structure porteuse des premiers rangs.


NOTRE-DAME DE PARIS:

En xxx, la production xxx cherchait un lieu de résidence pour rassembler sur scène l’équipe artistique et technique et monter le plan lumière, assembler le décor et les accesoires, procéder au essayages et retouches des costumes, régler les derniers détails de mise en scène de la reprise de la comédie musicale « Notre-Dame de Paris » en préparation de la première officielle au Palais de Congrès de Paris. Le Colisée a accueilli cette production durant trois semaines durant lesquelles le Colisée s’est totalement transformé en lieu de création. Pendant que le plateau grouillait jour et nuits de techniciens qui montaient le décors, les lumières, le son… le hall s’était transformé en salle de répétition pour les danseurs et les couloirs en atelier de couture. Je me rappeler au soir du premier jours de montage, tant de camions étaient arrivés sur site, qu’il était impossible de faire entrer la totalité du matériel sur le quai de chargement. A la demande de la production, nous avons recruter une équipe de sécurité qui a assuré le gardiennage de tout le matériel que nous n’avions pas pu faire rentrer sur le quai de déchargement. Au bout de trois semaine, la direction du Colisée ayant négocié deux représentations en avant-première, il a fallu débarrasser tout ce qui encombrait le hall, les couloirs, les locaux, les caisses de matériel vide… pour cela, la production a dû louer deux semi-remorques, simplement pour y ranger, le temps des deux représentations, les caisses de matériel vide, les tables de coupe des costumières, les machines outils qui s’étaient tuent après les derniers ajustements des décors et accessoires. J’ai finalement déménagé mon bureau (proche du plateau) pour rejoindre temporairement ceux de l’équipe technique et laisser la place au bureau de régie de production.


Florent PAGNY:

Après voir enregistré son album « Pagny chante Brel », s’en suivi une tournée qui devait passer par l’Olympia. Après un échange avec la fille de Jacques BREL, Florent PAGNY a décidé de présenter les deux premières représentations de son album sur scène au Colisée, ville dans laquelle le grand Jacques avait donné son tout dernier concert en France le 16 mai 1967. J’ai eu la chance d’être présent durant les dernière répétitions et an Saale pour la première de ce spectacle.


STOMP:

Le Colisée devait recevoir une série du spectacle « Stomp ». Tout était prévu, le planning calé, les équipes prêtes à débuter le montage le lundi matin sauf que… la veille, dimanche soir, je reçois un appel d’Alain BOYACI, producteur Français de ce spectacle qui m’annonce que le premier camion qui devait être déchargé le lendemain matin, avait percuté un fourgon de transport de fond arrêté sur le bas côté de la route… Vite rassuré sur l’état de santé du chauffeur, il fallait décider de ce qu’on allait faire. Comme le veut la tradition « Show must go on… » il fallait trouver des solutions pour la suite. Par chance, ce spectacle tourne beaucoup de part le monde et plusieurs kit existent dont un qui était en Angleterre. Alain a trouvé la solution de le faire acheminer jusqu’en France, à nous de décaler le début du montage sauf que… la camion a été retardé par un énorme incendie de cuve de carburant en périphérie de Londres qui bloquait totalement la circulation. Il a donc fallu revoir de nouveau le programme pour débuter le montage par le deuxième camion, et attendre que le premier soit autorisé à reprendre la route et arrive au Colisée pour terminer le montage. Alain s’attendait à devoir annuler la première représentation du mardi soir pour terminer ce montage. C’était sans compter sur le professionnalisme des équipes techniques qui se sont relayées jour et nuit pour démarrer la première représentation qu’avec un quart d’heure de retard. Quel fierté de vous montrer le message reçu de la part d’Alain à la suite de cette série.


TEXAS:



WEST SIDE STORY 2013:



WEST SIDE STORY 2023: